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CHAPITRE XV

Des intérêts des Hommes ou des IDÉES qu’ils ſe font du Bonheur. L’homme ne peut-être heureux ſans la vertu.


L’utilité, comme on l’a dit ailleurs, doit être l’unique meſure des jugemens de l’homme. Etre utile, c’eſt contribuer au bonheur de ſes ſemblables ; être nuiſible, c’est contribuer à leur malheur. Celà poſé voyons ſi les principes que nous avons établis juſqu’ici ſont avantageux ou nuiſibles, utiles ou inutiles aux êtres de l’eſpèce humaine. Si l’homme cherche ſon bonheur dans tous les inſtans de ſa vie, il ne doit approuver que ce qui le lui procure ou lui fournit les moyens de l’obtenir.

Ce que nous avons dit ci-devant a déjà pu ſervir à fixer nos idées ſur ce qui constitue le bonheur : nous avons déjà fait voir que ce bonheur n’étoit que le plaiſir continué ; [1] mais pour qu’un objet nous plaiſe il faut que les impreſſions qu’il fait ſur nous, les perceptions qu’il nous donne, les idées qu’il nous laiſſe, en un mot que les mouvemens qu’il excite en nous, ſoient analogues à notre organisation, à notre tempérament, à notre nature individuelle, modifiée par l’habitude & une infinité de circonſtances ou de cauſes qui nous donnent des façons d’être plus ou moins per-

  1. Voyez le Chapitre IX.