Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/365

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ôte le courage de donner le jour à des enfans qui seroient aussi misérables que leurs pères : l’excès de l’oppression les force quelquefois de se révolter ou de se venger par des attentats des injustices qu’on leur fait. L’injustice en réduisant l’indigence au désespoir, l’oblige de chercher dans le crime des ressources contre ses malheurs. Un gouvernement inique produit le découragement dans les ames ; ses vexations dépeuplent les campagnes, les terres demeurent sans culture, de la naît l’affreuse famine qui fait éclore les contagions & les pestes. Les malheurs des peuples produisent les révolutions ; aigris par l’infortune, les esprits entrent en fermentation, & les renversemens des empires en sont les effets nécessaires. C’est ainsi que le physique & le moral sont toujours liés ou plutôt sont la même chose.

Si l’iniquité des chefs ne produit pas toujours des effets si marqués, au moins elle produit la paresse, dont l’effet est de remplir les sociétés de mendians & de malfaiteurs, que ni la religion ni la terreur des loix ne peuvent arrêter, & que rien ne peut engager à demeurer les spectateurs malheureux d’un bien-être auquel il ne leur est pas permis de prendre part. Ils cherchent leur bonheur passager aux dépens mêmes de leur vie, lorsque l’injustice leur a fermé la route du travail & de l’industrie qui les auroit rendus utiles & honnêtes.

Que l’on ne nous dise point que nul gouvernement ne peut rendre tous ses sujets heureux ; il ne peut, sans doute, se flatter de contenter les fantaisies de quelques citoyens oisifs, qui ne sçavent qu’imaginer pour calmer leurs en-