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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/46

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CHAPITRE III

De la matiere, de ses combinaisons différentes & de ses mouvemens divers ; ou de la marche de la nature.


Nous ne connoiſſons point les élémens des corps, mais nous connoiſſons quelques-unes de leurs propriétés ou qualités, & nous diſtinguons les différentes matieres par les effets ou changemens qu’elles produiſent ſur nos ſens, c’eſt-à-dire, par les différens mouvemens que leur préſence fait naître en nous. Nous leur trouvons en conſéquence de l’étendue, de la mobilité, de la diviſibilité, de la ſolidité, de la gravité, de la force d’inertie. De ces propriétés générales & primitives il en découle d’autres, telles que la densité, la figure, la couleur, le poids, &c. Ainſi rélativement à nous la matiere en général eſt tout ce qui affecte nos ſens d’une façon quelconque ; & les qualités que nous attribuons aux différentes matieres ſont fondées ſur les différentes impreſſions, ou ſur les changemens qu’elles produiſent en nous-mêmes.

L’on n’a pas juſqu’ici donné de la matiere une définition ſatisfaiſante ; les hommes trompés par leurs préjugés n’en ont eu que des notions imparfaites ; vagues & ſuperficielles. Ils ont regardé cette matiere comme un être unique, groſſier, paſſif, incapable de ſe mouvoir, de ſe combiner, de rien produire par lui-même ; au lieu qu’ils au-