Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/87

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dans la matrice qui lui convient, ce point se développe, il s’étend, il s’accroît par l’addition continuelle de matieres analogues à son être qu’il attire, qui se combinent & s’assimilent avec lui. Sorti de ce lieu propre à conserver, à développer, à fortifier pendant quelque tems les foibles rudimens de sa machine, il devient adulte ; son corps a pris alors une étendue considérable, ses mouvemens sont marqués, il est sensible dans toutes ses parties, il est devenu une masse vivante & agissante, c’est-à-dire, qui sent, qui pense, qui remplit les fonctions propres aux êtres de l’espece humaine ; elle n’en est devenue susceptible que parce qu’elle s’est peu-à-peu accrue, nourrie, réparée, à l’aide de l’attraction & de la combinaison continuelle qui s’est faite en elle de matieres du genre de celles que nous jugeons inertes, insensibles, inanimées ; ces matieres néanmoins sont parvenues à former un tout agissant, vivant, sentant, jugeant, raisonnant, voulant, délibérant, choisissant, capable de travailler plus ou moins efficacement à sa propre conservation, c’est-à-dire au maintien de l’harmonie dans sa propre existence.

Tous les mouvemens ou changemens que l’homme éprouve dans le cours de sa vie, soit de la part des objets extérieurs, soit de la part des substances renfermées en lui-même, sont ou favorables ou nuisibles à son être, le maintiennent dans l’ordre ou le jettent dans le désordre, sont tantôt conformes & tantôt contraires à la tendance essentielle à cette façon d’exister, en un mot sont agréables ou fâcheux ; il est forcé par sa nature d’approuver les uns & de désapprouver les autres ; les uns le rendent heureux, les autres le