Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/88

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rendent malheureux ; les uns deviennent les objets de ses desirs, les autres de ses craintes.

Dans tous les phénomènes que l’homme nous présente depuis sa naissance jusqu’à sa fin, nous ne voyons qu’une suite de causes & d’effets nécessaires & conformes aux loix communes à tous les êtres de la nature. Toutes ses façons d’agir, ses sensations, ses idées, ses passions, ses volontés, ses actions sont des suites nécessaires de ses propriétés & de celles qui se trouvent dans les êtres qui le remuent. Tout ce qu’il fait & tout ce qui se passe en lui sont des effets de la force d’inertie, de la gravitation sur soi, de la vertu attractive & répulsive, de la tendance à se conserver, en un mot de l’énergie qui lui est commune avec tous les êtres que nous voyons ; elle ne fait que se montrer dans l’homme d’une façon particulière, qui est due à sa nature particulière, par laquelle il est distingué des êtres d’un systême ou d’un ordre différent.

La source des erreurs dans lesquelles l’homme est tombé, lorsqu’il s’est envisagé lui-même, est venue, comme nous aurons bientôt occasion de le montrer, de ce qu’il a cru se mouvoir de lui-même, agir toujours par sa propre énergie ; dans ses actions & dans les volontés, qui en sont les mobiles, être indépendant des loix générales de la nature & des objets que, souvent à son insçu & toujours malgré lui, cette nature fait agir sur lui : s’il se fût attentivement examiné, il eût reconnu que tous ses mouvemens ne sont rien moins que spontanés ; il eût trouvé que sa naissance dépend de causes entiérement hors de son pouvoir, que c’est sans son aveu qu’il entre dans ce systême où