Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/111

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dans leſquelles ce ſçavant Théologien développe les opinions reçues ſur la Divinité.

I. Quelque choſe, dit M. Clarcke, a exiſté de toute éternité.

Cette proposition eſt évidente & n’a pas beſoin de preuves. Mais quelle eſt cette choſe qui a exiſté de toute éternité ? Pourquoi ne sſeroit-ce pas plutôt la nature ou la matiere, dont nous avons des idées, qu’un pur eſprit, ou qu’un agent dont il nous eſt impoſſible de nous faire aucune idée ? Ce qui exiſte, ne ſuppoſe-t-il point, dès lors même, que l’exiſtence lui est eſſentielle ? Ce qui ne peut point s’anéantir n’exiſte-t-il pas néceſſairement ? Et comment peut-on concevoir que ce qui ne peut ceſſer d’exiſter ou ce qui ne peut s’anéantir ait eu un commencement ? Si la matiere ne peut être anéantie elle n’a pu commencer d’être ; ainſi nous dirons à Mr. Clarcke que c’eſt la matiere, que c’eſt la nature agiſſante par ſa propre énergie, dont aucune partie n’eſt jamais dans un repos abſolu, qui a toujours exiſté ; les différens corps matériels que cette nature renferme changent bien de formes, de combinaiſons, de propriétés & de façons d’agir, mais leurs principes ou élémens ſont indeſtructibles & n’ont jamais pu commencer.

II. Un être indépendant & immuable a exiſté de toute éternité.

Nous demanderons toujours quel eſt cet être ? Nous demanderons s’il est indépendant de ſa propre eſſence ou des propriétés qui le conſtituent ce qu’il eſt ? Nous demanderons ſi cet être quelcon-