Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/114

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III. Cet être immuable & indépendant, qui existe de toute éternité, existe par lui-même.

Cette proposition n’est qu’une répétition de la première. Nous y répondrons donc en demandant pourquoi la matière, qui est indestructible, n’existeroit point par elle-même ? Il est évident qu’un être qui n’a point eu de commencement doit exister par lui-même ; s’il eût existé par un autre, il auroit commencé d’être, & par conséquent il ne seroit point éternel. Ceux qui font la matière coéternelle à Dieu ne font que multiplier les êtres sans nécessité.

IV. L’essence de l’être qui existe par lui-même est incompréhensible.

M. Clarcke eût parlé plus exactement, s’il eût dit que son essence est impossible. Cependant nous conviendrons que l’essence de la matière est incompréhensible, ou du moins que nous ne la concevons que foiblement par les façons dont nous en sommes affectés ; mais nous dirons que nous sommes encore bien moins à portée de concevoir la divinité, que nous ne pouvons saisir par aucun côté. Ainsi nous conclurons toujours que c’est une folie d’en raisonner ; que rien n’est plus ridicule que d’attribuer des qualités à un être distingué de la matière, tandis que, s’il existoit, ce seroit par la matière seule que nous pourrions le connoître, c’est-à-dire, nous assûrer de son existence & de ses qualités. Enfin nous en conclurons que tout ce qu’on nous dit de Dieu le rend matériel, ou prouve l’impossibilité où nous serons toujours de concevoir un être différent de la matière ; non étendu, & pourtant en tout lieu ; immatériel, & pourtant agissant sur la matière ; spi-