Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/125

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appellons des imperfections ; ce n’eſt jamais que relativement à nous & à notre façon de ſentir & de penſer, & non en elle même qu’une choſe eſt parfaite ou imparfaite ; c’eſt ſelon que cette choſe nous eſt plus ou moins utile ou nuiſible, agréable ou déſagréable. En ce ſens comment pouvons nous attribuer la perfection à l’être néceſſaire ? Dieu eſt-il parfaitement bon relativement aux hommes ? Mais les hommes ſont ſouvent blesſés de ſes ouvrages & forcés de ſe plaindre des maux qu’ils ſouffrent dans ce monde. Dieu eſt-il parfait relativement à ſes œuvres ? Mais ne voyons-nous pas ſouvent à côté de l’ordre le déſordre le plus complet ? Les œuvres ſi parfaites de la Divinité ne s’alterent-elles pas, ne ſe détruiſent-elles pas ſans ceſſe ; ne nous font elles pas malgré nous éprouver des chagrins & des peines qui balancent les plaiſirs & les biens que nous recevons de la nature ? Toutes les religions du monde ne ſuppoſent-elles pas un Dieu continuellement occupé à refaire, à réparer, à défaire, à rectifier ſes ouvrages merveilleux ? On ne manquera pas de nous dire que Dieu ne peut pas communiquer à ſes œuvres les perfections qu’il poſſede lui-même. Dans ce cas nous dirons que les imperfections de ce monde étant néceſſaires pour Dieu lui même, il ne pourra jamais y remédier, même dans un autre monde ; & nous conclurons que ce Dieu ne peut être pour nous d’aucune utilité.

Les attributs métaphyſiques ou Théologiques de la Divinité en font un être abſtrait & inconcevable, dès qu’on le diſtingue de la nature & de tous les êtres qu’elle renferme : les qualités morales en font un être de l’eſpece humaine, quoique par les attributs négatifs on ſe ſoit efforcé de l’é-