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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/155

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« C’est une vérité incontestable que Dieu existe nécessairement, et la même nécessité fajt qu’il existe toujours et partout : d’où il suit qu’il est en tout semblable à lui-même ; il est tout œil, tout oreille, tout cerveau, tout bras, tout sentiment, tout intelligence, tout action, mais d’une façon nullement humaine, nullement corporelle, et qui nous est totalement inconnue. De même qu’un aveugle n’a point idée des couleurs, c’est ainsi que nous n’avons point idée des façons dont Dieu sent et entend. »

L’existence nécessaire de la divinité est précisément la chose en question ; c’est cette existence qu’il eût fallu constater par des preuves aussi claires & des démonstrations aussi fortes que la gravitation & l’attraction. Si la chose eût été possible, le génie de Newton en seroit (sans doute) venu à bout. Mais, ô homme ! Si grand & si fort quand vous êtes géomètre, si petit & si foible quand vous devenez théologien, c’est-à-dire quand vous raisonnez de ce qui ne peut être ni calculé ni soumis à l’expérience, comment consentez-vous à nous parler d’un être qui est, de votre aveu, pour vous ce qu’un tableau est pour un aveugle ? Pourquoi sortir de la nature pour chercher dans les espaces imaginaires des causes, des forces, une énergie que la nature vous eût montrées en elle-même, si vous eussiez voulu la consulter avec votre sagacité ordinaire ? Mais le grand Newton n’a plus de courage, on s’aveugle volontairement, dès qu’il s’agit d’un préjugé que l’habitude lui fait regarder comme sacré. Continuons pourtant encore d’examiner jusqu’où le génie de l’homme est capable de s’égarer, quand