Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/166

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& très industrieuse ; nous admirons son industrie toutes les fois que nous sommes surpris des effets étendus, variés & compliqués que nous trouvons dans ceux de ses ouvrages que nous prenons la peine de méditer ; cependant elle n’est ni plus ni moins industrieuse dans l’un de ses ouvrages que dans les autres. Nous ne comprenons pas plus comment elle a pu produire une pierre ou un métal qu’une tête organisée comme celle de Newton. Nous appellons industrieux un homme qui peut faire des choses que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes ; la nature peut tout, & dès qu’une chose existe c’est une preuve qu’elle a pu la faire. Ainsi ce n’est jamais que relativement à nous-mêmes que nous jugeons la nature industrieuse ; nous la comparons alors à nous-mêmes ; & comme nous jouissons d’une qualité que nous nommons intelligence, à l’aide de laquelle nous produisons des ouvrages où nous montrons notre industrie, nous en concluons que les ouvrages de la nature qui nous étonnent le plus, ne lui appartiennent point, mais sont dûs à un ouvrier intelligent comme nous, mais dont nous proportionnons l’intelligence à l’étonnement que ses œuvres produisent en nous, c’est-à-dire à notre foiblesse & à notre propre ignorance.

Je réponds en second lieu que le sauvage à qui l’on portera une statue ou une montre, aura, ou n’aura pas d’idées de l’industrie humaine : s’il en a des idées, il sentira que cette montre ou cette statue peuvent être des ouvrages d’un être de son espèce, jouissant des facultés qui lui manquent à lui-même. Si le sauvage n’a aucune idée de l’industrie humaine & des ressources de l’art, en voyant le mouvement spontané d’une montre,