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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/172

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à-dire, est, par son organisation particulière, susceptible de modifications dont la plante & la pierre sont totalement incapables : en conséquence l’homme de génie produit de bons ouvrages & la plante des fruits, qui nous plaisent & nous surprennent en raison des sensations qu’ils opérent en nous-mêmes ; ou en raison de la rareté, de la grandeur, de la variété des effets qu’ils nous font éprouver. Ce que nous trouvons de plus admirable dans les productions de la nature & dans celles des animaux ou des hommes, n’est jamais qu’un effet naturel des parties de la matière, diversement arrangées & combinées ; d’où résultent en eux des organes, des cerveaux, des tempéramens, des goûts, des propriétés, des talens différens.

La nature ne fait donc rien que de nécessaire ; ce n’est point par des combinaisons fortuites & par des jets hazardés qu’elle produit les êtres que nous voyons ; tous ses jets sont sûrs, toutes les causes qu’elle employe ont immanquablement leurs effets. Quand elle produit des êtres extraordinaires, merveilleux & rares, c’est que dans l’ordre des choses les circonstances nécessaires ou le concours des causes productrices de ces êtres, n’arrivent que rarement. Dès que ces êtres existent ils sont dus à la nature, pour qui tout est également facile, & à qui tout est possible, quand elle rassemble les instrumens ou causes nécessaires pour agir. Ainsi, ne limitons jamais les forces de la nature. Les jets & les combinaisons qu’elle fait pendant une éternité, peuvent aisément produire tous les êtres ; sa marche éternelle doit nécessairement amener & ramener de nouveau les circonstances les plus étonnantes & les plus rares pour des êtres, qui ne sont qu’un moment à portée de les consi-