Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/173

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dérer, sans jamais avoir ni le tems ni les moyens d’en approfondir les causes. Des jets infinis, faits pendant l’éternité, avec des élémens & des combinaisons infiniment variés, suffisent pour produire tout ce que nous connoissons, & beaucoup d’autres choses que nous ne connoîtrons jamais.

Ainsi l’on ne peut trop le répéter aux déicoles, qui prêtent communément à leurs adversaires des opinions ridicules pour obtenir un triomphe facile & passager aux yeux prévenus de ceux qui n’osent rien approfondir, le hazard n’est rien, qu’un mot imaginé, ainsi que le mot Dieu, pour couvrir l’ignorance où l’on est des causes agissantes dans une nature dont la marche est souvent inexplicable. Ce n’est point le hazard qui a produit l’univers, il est de lui-même ce qu’il est ; il existe nécessairement & de toute éternité. Quelque cachées que soient les voies de la nature, son existence est indubitable ; & sa façon d’agir nous est au moins bien plus connue que celle de l’être inconcevable, qu’on a prétendu lui associer, qu’on a distingué d’elle-même, que l’on a supposé nécessaire & existant par lui-même ; tandis que jusqu’ici l’on n’a pu ni démontrer son existence, ni le définir, ni en rien dire de raisonnable, ni former sur son compte autre chose que des conjectures que la réflexion détruit aussi-tôt qu’elles ont été enfantées.