Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/179

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ner une cause générale & connue ; vouloir remonter plus haut, c’est s’enfoncer dans les espaces imaginaires, où nous ne trouvons jamais qu’un abîme d’incertitudes & d’obscurités. Ne cherchons donc point un principe moteur hors d’une nature dont l’essence fut toujours d’exister & de se mouvoir ; qui ne peut être conçue sans propriétés, par conséquent sans mouvement ; dont toutes les parties sont dans une action, une réaction & des efforts continuels ; où il ne se trouve point une molécule qui soit dans un repos absolu, & qui n’occupe nécessairement la place que lui assignent des loix nécessaires. Qu’est-il besoin de chercher hors de la matière un mobile pour la mettre en jeu, puisque son mouvement découle aussi nécessairement de son existence que son étendue, sa forme, sa pésanteur, etc. Et puisqu’une nature dans l’inaction ne seroit plus la nature ?

Si l’on demande comment on peut se figurer que la matière par sa propre énergie ait pu produire tous les effets que nous voyons ; je dirai que si par matière l’on s’obstine à n’entendre qu’une masse inerte & morte, dépourvue de toute propriété, privée d’action, incapable de se mouvoir d’elle-même, on n’aura plus aucune idée de la matière. Dès qu’elle existe, elle doit avoir des propriétés & des qualités ; dès qu’elle a des propriétés sans lesquelles elle ne pourroit exister, elle doit agir en raison de ces mêmes propriétés, puisque ce n’est que par son action que nous pouvons reconnoître & son existence & ses propriétés. Il est évident que si par matière l’on entend ce qu’elle n’est pas, ou que si l’on nie son existence, on ne pourra lui attribuer les phénomènes dont nos yeux sont témoins. Mais si par la na-