Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quels la nature les a soumis, & que la raison doit leur apprendre à supporter quand il ne leur est point permis de les écarter par des moyens naturels. Apprenons leur que tout est nécessaire, que leurs biens & leurs maux sont des effets d’une nature qui dans toutes ses œuvres suit des loix que rien ne peut lui faire révoquer. Enfin répétons leur sans cesse que c’est en rendant leurs semblables heureux qu’ils parviendront eux-mêmes à la félicité, qu’ils attendroient envain du ciel, lorsque la terre la leur réfuse.

La nature est la cause de tout ; elle existe par elle-même ; elle existera toujours ; elle est sa propre cause ; son mouvement est une suite nécessaire de son existence nécessaire ; sans mouvement nous ne pouvons concevoir la nature ; sous ce nom collectif nous désignons l’assemblage des matières agissantes en raison de leurs propres énergies. Cela posé qu’est-il besoin de faire intervenir un être plus incompréhensible qu’elle pour expliquer ses façons d’agir, merveilleuses, sans doute, pour tout le monde, mais bien plus encore pour ceux qui ne l’ont point étudiée ? En seront-ils plus avancés ou plus instruits, quand on leur dira qu’un être, qu’ils ne sont pas faits pour comprendre, est l’auteur des effets visibles dont ils ne peuvent démêler les causes naturelles ? En un mot l’être indéfinissable que l’on nomme Dieu, leur fera-t-il mieux connoître la nature qui agit perpétuellement sur eux [1] ?

En effet si nous voulons attacher quelque sens

  1. Disons avec Cicéron : Magna stiiltitia est earum rerum XPeos facere ejjectores, causas rerum non queerere. Cic De Divisât. Lib. II.