Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/196

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au mot Dieu, dont les mortels se font des idées si obscures & si fausses nous trouverons qu’il ne peut désigner que la nature agissante, ou la somme des forces inconnues qui animent l’univers, & qui forcent les êtres d’agir en raison de leur propre énergie, & par conséquent d’après des loix nécessaires & immuables. Mais dans ce cas le mot dieu ne sera qu’un synonime de destin, de fatalité, de nécessité ; c’est pourtant à cette idée abstraite personnifiée & divinisée que l’on attribue la spiritualité, autre idée abstraite dont nous ne pouvons nous former aucun concept. C’est à cette abstraction que l’on assigne l’intelligence, la sagesse, la bonté, la justice dont un pareil être ne peut point être le sujet. C’est avec cette idée métaphysique que l’on prétend que les êtres de l’espèce humaine ont des rapports directs. C’est à cette idée personnifiée, divinisée, humanisée, spiritualisée, ornée des qualités les plus incompatibles, que l’on attribue des volontés, des passions, des desirs, etc. C’est cette idée personnifiée que l’on fait parler dans les différentes révélations que des hommes annoncent en tout pays à d’autres hommes comme émanées du Ciel !

Tout nous prouve donc que ce n’est point hors de la nature que nous devons chercher la divinité. Quand nous voudrons en avoir une idée disons que la nature est Dieu ; disons que cette nature renferme tout ce que nous pouvons connoître, puisqu’elle est l’assemblage de tous les êtres capables d’agir sur nous & qui peuvent par conséquent nous intéresser. Disons que c’est cette nature qui fait tout, que ce qu’elle ne fait pas est impossible, que ce qui est hors d’elle n’existe