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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/197

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point & ne peut exister, vu qu’il ne peut rien y avoir au-delà du grand tout. Enfin disons que ces puissances invisibles dont l’imagination a fait les mobiles de l’univers, ou ne sont que les forces de la nature agissante ou ne sont rien.

Si nous ne connoissons la nature & ses voies que d’une façon incomplette ; si nous n’avons que des idées superficielles & imparfaites de la matière, comment pourrions-nous nous flatter de connoître ou d’avoir des idées sûres d’un être bien plus fugitif & plus difficile à saisir par la pensée que les élémens, que les principes constitutifs des corps, que leurs propriétés primitives, que leurs façons d’agir & d’exister ? Si nous ne pouvons remonter aux causes premières, contentons-nous des causes secondes & des effets que l’expérience nous montre ; recueillons des faits véritables & connus, ils suffiront pour nous faire juger de ce que nous ne connoissons pas ; bornons-nous aux foibles lueurs de vérité que nos sens nous fournissent, puisque nous n’avons point de moyens pour en acquérir de plus grandes. Ne prenons point pour des sciences réelles celles qui n’ont que notre imagination pour base ; elles ne peuvent être qu’imaginaires. Tenons-nous en à la nature, que nous voyons, que nous sentons, qui agit sur nous, dont nous connoissons au moins les loix générales, si nous ignorons ses détails & les principes secrets qu’elle emploie dans ses ouvrages compliqués ; cependant soyons sûrs qu’elle agit d’une façon constante, uniforme, analogue & nécessaire. Observons donc cette nature ; ne sortons jamais des routes qu’elle nous trace ; nous en serions infailliblement punis par les erreurs sans nombre dont notre esprit se trouveroit aveuglé, & dont