Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/206

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ger de résolutions ; par-tout l’homme suppose qu’il peut offenser son créateur & troubler son éternelle félicité ; par-tout l’homme est prosterné devant un dieu tout-puissant, qui se trouve dans l’impossibilité de rendre ses créatures telles qu’elles doivent être pour accomplir ses vues divines & remplies de sagesse.

L’on voit donc que toutes les religions du monde ne sont fondées que sur des contradictions manifestes, dans lesquelles les hommes seront forcés de tomber toutes les fois qu’ils méconnoîtront la nature, & qu’ils attribueront les biens ou les maux qu’ils éprouvent de sa part à une cause intelligente distinguée d’elle-même, dont ils ne pourront jamais se former d’idées certaines. L’homme sera toujours réduit, comme on l’a si souvent répété, à faire un homme de son dieu ; mais l’homme est un être changeant, dont l’intelligence est bornée, dont les passions varient, qui, placé dans des circonstances diverses, paroît souvent en contradiction avec lui-même ; ainsi quoique l’homme croie faire honneur à son dieu en lui donnant ses propres qualités, il ne fait que lui prêter son inconstance, ses foiblesses & ses vices. Les théologiens, ou les fabricateurs de la divinité, auront beau distinguer, subtiliser, exagérer ses perfections prétendues & les rendre inintelligibles, il demeurera toujours constant qu’un être qui s’irrite & qu’on appaise par des prières n’est point un être immuable ; qu’un être qu’on offense n’est ni tout-puissant ni parfaitement heureux ; qu’un être qui n’empêche point le mal qu’il pourroit empêcher, consent au mal ; qu’un être qui donne la liberté de pécher, a résolu dans ses décrets éternels que le péché seroit commis ; qu’un être