curera un bonheur inaltérable quand il n’existera plus, ou quand il n’aura plus les organes à l’aide desquels il est à portée de jouir aujourd’hui.
Cependant toutes les hypothèses merveilleuses sont elles-mêmes insuffisantes pour justifier la divinité de ses méchancetés ou de ses injustices passagères. Si Dieu a pu être injuste ou cruel un moment, Dieu a dérogé, du moins pour ce moment, à ses perfections divines ; il n’est donc point immuable ; sa bonté & sa justice sont donc sujettes à se démentir pour un tems ; & dans ce cas, qui peut nous garantir que ses qualités auxquelles on se fie ne se démentent point de même dans cette vie future, inventée pour disculper Dieu des écarts qu’il se permet en ce monde ? Qu’est-ce qu’un dieu qui est perpétuellement forcé de déroger à ses principes ; & qui se trouve dans l’impuissance de rendre heureux ceux qu’il aime sans leur faire du mal injustement, au moins pendant leur séjour ici bas ? Ainsi pour justifier la divinité, il faudra recourir encore à d’autres hypothèses ; il faudra supposer que l’homme peut offenser son dieu, troubler l’ordre de l’univers, nuire à la félicité d’un être souverainement heureux, déranger les desseins de l’être tout puissant. Il faudra pour concilier les choses, recourir au systême de la liberté de l’homme[1]. Enfin de proche en proche on se trouvera forcé d’admettre les idées les plus improbables, les plus contradictoires & les plus fausses, dès qu’on partira du principe que l’univers est gouverné par une intel-
- ↑ Est-il rien de plus inconséquent que les idées de quelques théistes qui nient la liberté de l’homme, et qui cepedant s’obstinent à parler d’un Dieu vengeur et rémunérateur ! comment un Dieu juste peut-il punir des actions nécessaires ?