Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/23

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liation avec la puissance irritée[1]. Ceux-ci l’accompagnèrent de cérémonies, de rites, de précautions, de formules ; ils retracèrent à leurs concitoyens les notions transmises par les ancêtres, les observations faites par eux, les fables qu’ils en avoient reçues. C’est ainsi que s’établit le sacerdoce ; c’est ainsi que se forma le culte ; c’est ainsi que peu àpeu il se fit un corps de doctrine, adopté dans chaque société & transmis de race en race. En un mot, tels sont les élémens informes & précaires dont on se servit par-tout pour composer la religion ; elle fut toujours un systême de conduite inventé par l’imagination & par l’ignorance pour rendre favorables les puissances inconnues auxquelles on supposa la nature soumise : quelque divinité irascible & placable lui servit toujours de base, ce fut sur cette notion puérile & absurde que le sacerdoce fonda ses droits, ses temples, ses autels, ses richesses, son autorité, ses dogmes. En un mot c’est sur ces fondemens grossiers que portent tous les systêmes religieux du monde : inventés dans l’origine par des sauvages, ils ont encore le pouvoir de régler le sort des nations les plus civilisées. Ces systêmes si ruineux dans leurs principes, ont été diversement modifiés par l’esprit humain, dont l’essence est de travailler sans

  1. Le mot grec πρεσβυς, d’où vient le mot Prêtre, signifie vieillard. Les hommes ont toujours été pénétrés de respect pour tout ce qui portait le caractère de l’antiquité ; ils lui ont toujours associé l’idée d’une sagesse et d’une expérience consommée. C’est selon les apparences par une suite de ce préjugé que les hommes, lorsqu’ils sont embarrasses, préfèrent communément l’autorité de l’antiquité et les décisions de leurs ancêtres à celles du bon sens et de la raison, c’est ce qu’on voit surtout dans les matières qui touchent à la religion ; on s’imagine que l’antiquité tenait la religion de )a première main, et que c’est dans son enfance ou dans son berceau qu’on doit la trouver dans toute sa sagesse et sa pureté. Je laisse à penser combien cette idée est fondée !