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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/264

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gards d’un autre homme dont la présence l’empêcheroit de commettre une mauvaise action ou de se livrer à quelque vice honteux, se permet tout quand il croit n’être vu que de son dieu. à quoi lui sert donc la conviction de l’existence de ce dieu, de son omniscience, de son ubiquité ou de sa présence en tous lieux, puisqu’elle lui en impose bien moins que l’idée d’être vu par le moindre des hommes ? Celui qui n’oseroit commettre une faute en présence d’un enfant, ne fera pas difficulté de la commettre hardiment quand il n’aura que son dieu pour témoin. Ces faits indubitables, peuvent servir de réponse à ceux qui nous diront que la crainte de Dieu est plus propre à contenir que l’idée de n’avoir rien à craindre du tout. Quand les hommes ne croient avoir à craindre que leur Dieu, ils ne s’arrêtent communément sur rien.

Les personnes qui doutent le moins des notions religieuses & de leur efficacité, ne les emploient que rarement quand elles veulent influer sur la conduite de ceux qui leur sont subordonnés, & les ramener à la raison : dans les avis qu’un père donne à son fils vicieux ou criminel, il lui représente bien plutôt les inconvéniens temporels & présens auxquels il s’expose, que les dangers qu’il court en offensant un dieu vengeur : il lui fait entrevoir les conséquences naturelles de ses déréglemens ; sa santé dérangée par la débauche, sa réputation perdue, sa fortune délabrée par le jeu, les châtimens de la société, etc. Ainsi le déicole lui-même dans les occasions les plus importantes de la vie compte bien plus sur la force des motifs naturels que des motifs surnaturels fournis par la religion : le même homme qui déprise les motifs