leur. C’est cette nécessité que l’on nomme obligation morale. Elle est fondée sur la considération des motifs capables de déterminer des êtres sensibles, intelligens, tendans vers une fin, à suivre la conduite nécessaire pour y parvenir. Ces motifs ne peuvent être en nous que les desirs toujours renaissans de nous procurer des biens & d’éviter des maux. Le plaisir & la douleur, l’espoir du bonheur ou la crainte du malheur, sont les seuls motifs capables d’influer efficacement sur les volontés des êtres sensibles ; pour les obliger il suffit donc que ces motifs existent & soient connus ; pour les connoître il suffit d’envisager notre constitution, d’après laquelle nous ne pouvons aimer ou approuver en nous, que les actions d’où résulte notre utilité réelle & réciproque qui constitue la vertu. En conséquence pour nous conserver nous-mêmes, pour jouir de la sûreté, nous sommes obligés de suivre la conduite nécessaire à cette fin ; pour intéresser les autres à notre conservation propre, nous sommes obligés de nous intéresser à la leur, ou de ne rien faire qui les détourne de la volonté de coopérer avec nous à notre propre félicité. Tels sont les vrais fondemens de l’ obligation morale.
On se trompera toujours quand on voudra donner d’autre base à la morale que la nature de l’homme, elle ne peut en avoir de plus solide & de plus sûre. Quelques auteurs, même de bonne foi, ont cru que pour rendre plus respectables & plus saints aux yeux des hommes, les devoirs que la nature leur impose, il falloit les revêtir de l’autorité d’un être que l’on a fait supérieur à la