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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/317

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physiques, nos systêmes suivent donc toujours les variations de notre corps ; nous raisonnons bien, quand notre corps est sain & bien constitué ; nous raisonnons mal, quand ce corps est dérangé ; pour lors nos idées se décousent, nous ne sommes plus capables de les associer avec précision, de retrouver nos principes, d’en tirer des conséquences justes ; le cerveau est ébranlé & nous ne voyons plus rien sous son vrai point de vue. Dans un tems de gelée, il est tel homme qui ne voit pas son dieu sous les mêmes traits que dans un tems couvert & pluvieux ; il ne le voit pas de même dans la tristesse que dans la gaieté, en compagnie comme seul. Le bon sens nous suggère que c’est quand le corps est sain & quand l’esprit n’est troublé par aucuns nuages que nous pouvons raisonner avec précision ; cet état peut nous fournir une mesure générale propre à régler nos jugemens & à rectifier même nos idées, lorsque des causes imprévues pourroient les faire chanceler.

Si les opinions du même individu sur son dieu sont flottantes & sujettes à varier, combien doivent-elles subir de changemens dans les êtres si divers qui composent la race humaine ? Si peut-être, il n’existe pas deux hommes qui voient un objet physique exactement des mêmes yeux, à plus forte raison, combien doit-il y avoir de variété dans leurs façons d’envisager les choses qui n’existent que dans leur imagination ? Quelle infinité de combinaisons d’idées des esprits essentiellement différens doivent-ils se faire pour composer un être idéal dont chaque instant de la vie doit changer le tableau ? Ce seroit donc une entreprise insensée que de vouloir prescrire aux hommes ce qu’ils doivent penser sur la religion & sur Dieu,