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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/318

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qui sont entiérement du ressort de l’imagination, & sur lesquels, comme on l’a très souvent répété, les mortels n’auront jamais de mesure commune. Combattre les opinions religieuses des hommes, c’est combattre leur imagination, leur organisation, leurs habitudes qui suffisent pour identifier avec leur cerveau les idées les plus absurdes & les moins fondées. Plus les hommes auront d’imagination, plus ils seront enthousiastes en matière de religion, & moins la raison aura de force pour les détromper de leurs chimeres ; ces chimeres seront devenues une pâture nécessaire à leur imagination ardente. En un mot, combattre les notions religieuses des hommes, c’est combattre la passion qu’ils ont pour le merveilleux. En dépit de la raison, les personnes pourvues d’une imagination vive sont perpétuellement ramenées aux chimeres que l’habitude leur rend chères même quand elles sont incommodes & fâcheuses ; elles en sont quittes pour les habiller à leur manière. Ainsi une ame tendre a besoin d’un dieu qu’elle aime ; l’enthousiaste heureux a besoin d’un dieu qu’il remercie ; l’enthousiaste infortuné a besoin d’un dieu qui prenne part à ses peines. Le dévot mélancolique a besoin d’un dieu qui le chagrine & qui maintienne en lui le trouble devenu nécessaire à son organisation malade. Que dis-je ! Le pénitent frénétique a besoin d’un dieu cruel qui lui impose le devoir d’être humain envers lui-même, & le fanatique emporté se croiroit malheureux s’il étoit privé d’un dieu qui lui ordonne de faire éprouver aux autres les effets de son humeur bouillante & de ses passions fougeuses.

Celui qui se repaît d’illusions agréables est, sans doute, un enthousiaste moins dangereux que