Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

promesses ; mais ces révélations ne nous apprennent-elles pas elles-mêmes que la bonté divine réserve des supplices éternels au plus grand nombre des hommes ? Si ces menaces sont vraies, les mortels doivent-ils donc de la reconnoissance à un dieu qui, sans les consulter, ne leur donne leur existence que pour courir à l’aide de leur liberté prétendue le risque de se rendre éternellement malheureux ? N’eût-il pas été plus utile pour eux de ne point exister, ou du moins de n’exister que comme les pierres & les brutes, de qui l’on suppose que Dieu n’exige rien, que de jouir de ces facultés si vantées, du privilége de mériter & de démériter, qui peuvent conduire les êtres intelligens au plus affreux des malheurs ? En faisant attention au petit nombre des élus & au grand nombre des réprouvés, quel est l’homme de sens qui, s’il eût été le maître, eût consenti à courir le risque de la damnation éternelle ?

Ainsi sous quelque point de vue que l’on envisage le phantôme théologique, les hommes, s’ils étoient conséquens, même dans leurs erreurs, ne lui devroient ni prières, ni hommages, ni cultes, ni actions de graces ; mais en matière de religion les mortels ne raisonnent jamais ; ils ne suivent que les impulsions de leurs craintes, de leurs imaginations, de leurs tempéramens, de leurs passions propres, ou de celles des guides qui ont acquis le droit de commander à leur entendement. La crainte a fait les dieux ; la terreur les accompagne sans cesse ; il est impossible de raisonner quand on tremble. Ainsi les hommes ne raisonneront jamais, quand il sera question des objets dont l’idée vague sera toujours associée à celle de la terreur. Si l’enthousiaste honnête & doux