Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/341

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les partisans de la nature de ces accusations ridicules ; nous avons par tout prouvé, & nous le répétons, que le hazard est un mot vuide de sens qui, ainsi que le mot dieu, n’annonce que l’ignorance des vraies causes. Nous avons démontré que la matière n’étoit point morte, que la nature essentiellement agissante & nécessairement existante avoit assez d’énergie pour produire tous les êtres qu’elle renferme & tous les phénomènes que nous voyons. Nous avons fait sentir par tout que cette cause étoit bien plus réelle & plus facile à concevoir que la cause fictive, contradictoire, inconcevable, impossible à qui la théologie fait honneur des grands effets qu’elle admire. Nous avons représenté que l’incompréhensibilité des effets naturels n’étoit point une raison pour leur assigner une cause plus incompréhensible encore que toutes celles que nous pouvons connoître. Enfin si l’incompréhensibilité de Dieu n’autorise pas à nier son existence, il est au moins certain que l’incompatibilité des attributs qu’on lui donne autorise à nier que l’être qui les réunit soit autre chose qu’une chimere dont l’existence est impossible.

Cela posé, nous pourrons fixer le sens que l’on doit attacher au nom d’ athée, que cependant en d’autres occasions les théologiens prodiguent indistinctement à tous ceux qui s’écartent en quelque chose de leurs opinions révérées. Si par athée l’on désigne un homme qui nieroit l’existence d’une force inhérente à la matière & sans laquelle l’on ne peut concevoir la nature, & si c’est à cette force motrice que l’on donne le nom de dieu, il n’existe point d’athées, & le mot sous lequel on les désigne n’annonceroit que des fous. Mais si par athées, l’on entend des hommes dépourvus