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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/342

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d’enthousiasme, guidés par l’expérience & le témoignage de leurs sens, qui ne voient dans la nature que ce qui s’y trouve réellement ou ce qu’ils sont à portée d’y connoître ; qui n’apperçoivent & ne peuvent appercevoir que de la matière essentiellement active & mobile, diversement combinée, jouissante par elle-même de divers propriétés, & capable de produire tous les êtres que nous voyons. Si par athées l’on entend des physiciens convaincus que sans recourir à une cause chimérique l’on peut tout expliquer par les seules loix du mouvement, par les rapports subsistans entre les êtres, par leurs affinités, leurs analogies, leurs attractions & leurs répulsions, leurs proportions, leurs compositions & leurs décompositions[1]. Si par athées l’on entend des gens qui ne savent point ce que c’est qu’un esprit & qui ne voient point le besoin de spiritualiser ou de rendre incompréhensibles des causes corporelles, sensibles & naturelles qu’ils voient uniquement agir ; qui ne trouvent pas que ce soit un moyen de mieux connoître la force motrice de l’univers que de l’en séparer pour la donner à un être placé hors du grand tout, à un être d’une essence totalement inconcevable, & dont on ne peut indiquer le sé-

  1. Le Docteur Cudworth, dans son Systema intellectualle, Ch. II, compte chez les anciens quatre espèces d’Athées. 1. les disciples d’Anaximandre, appelés Hylopathiens, qui attribuaient la formation de tout à la matière privée de sentiment. 2. les Atomistes, ou disciples de Démocrite, qui attribuoient tout au concours des atômes. 3. les Athées Stoïciens qui admettoient une nature aveugle, mais agissante selon des règles sûres. 4. les Hylozoïstes ou disciples de Straton, qui attribuoient à la matière de la vie. Il est bon d’observer que les plus habiles physiciens de l’antiquité ont été des athées, avoués ou cachés ; mais leur doctrine fut toujours opprimée par la superstition du vulgaire, et presque totalement éclipsée par la philosophie fanatique et merveilleux de Pythagore, et surtout de Platon. Tant il est vrai que le vague, l’obscur, l’enthousiasme l’emportent communément sur le simple, le naturel, l’intelligible. V. le Clerc Biblioth. choisie Tome 2.