Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/343

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jour. Si par athées l’on entend des hommes qui conviennent de bonne foi que leur esprit ne peut ni concevoir ni concilier les attributs négatifs & les abstractions théologiques avec les qualités humaines & morales que l’on attribue à la divinité ; ou des hommes qui prétendent que de cet alliage incompatible il ne peut résulter qu’un être de raison, vu qu’un pur esprit est destitué des organes nécessaires pour exercer des qualités & des facultés humaines. Si par athées, l’on désigne des hommes qui rejettent un phantôme dont les qualités odieuses & disparates ne sont propres qu’à troubler & à plonger le genre-humain dans une démence très-nuisible. Si, dis-je, des penseurs de cette espèce sont ceux que l’on nomme des athées, l’on ne peut douter de leur existence ; & il y en auroit un très-grand nombre, si les lumières de la saine physique & de la droite raison étoient plus répandues ; pour lors ils ne seroient regardés ni comme des insensés ni comme des furieux, mais comme des hommes sans préjugés, dont les opinions, ou si l’on veut l’ignorance, seroient bien plus utiles au genre-humain, que les sciences & les vaines hypothèses qui depuis longtems sont les vraies causes de ses maux.

D’un autre côté, si par athées, l’on vouloit désigner des hommes forcés eux-mêmes d’avouer qu’ils n’ont aucune idée de la chimere qu’ils adorent ou qu’ils annoncent aux autres ; qui ne peuvent se rendre compte ni de la nature ni de l’essence de leur phantôme divinisé ; qui ne peuvent jamais s’accorder entre eux sur les preuves de l’existence, sur les qualités, sur la façon d’agir de leur dieu ; qui à force de négations en font un pur néant ; qui se prosternent, ou font proster-