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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/344

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ner les autres, devant les fictions absurdes de leur propre délire ; si, dis-je, par athées l’on désigne des hommes de cette espèce ; on sera obligé de convenir que le monde est rempli d’athées, & l’on pourra même placer dans ce nombre les théologiens les plus exercés, qui raisonnent sans cesse de ce qu’ils n’entendent pas ; qui se disputent sur un être dont ils ne peuvent démontrer l’existence ; qui par leurs contradictions sappent très-efficacement cette existence ; qui anéantissent leur dieu parfait à l’aide des imperfections sans nombre qu’ils lui donnent ; qui révoltent contre ce dieu par les traits atroces sous lesquels ils le dépeignent. Enfin l’on pourra regarder comme de vrais athées ces peuples crédules, qui sur parole & par tradition se mettent à genoux devant un être dont ils n’ont d’autres idées que celles que leur en donnent leurs guides spirituels, qui reconnoissent eux-mêmes qu’ils n’y comprennent rien. Un athée est un homme qui ne croit pas l’existence d’un dieu ; or personne ne peut être sûr de l’existence d’un être qu’il ne conçoit pas & que l’on dit réunir des qualités incompatibles.

Ce qui vient d’être dit prouve que les théologiens eux-mêmes n’ont pas toujours connu le sens qu’ils pouvoient attacher au mot d’athées ; ils les ont vaguement injuriés & combattus comme des gens dont les sentimens & les principes étoient opposés aux leurs. Nous voyons en effet que ces sublimes docteurs, toujours entêtés de leurs opinions particulières ont souvent prodigué les accusations d’athéisme à tous ceux à qui ils vouloient nuire, qu’ils vouloient dénigrer, dont ils cherchoient à rendre les systêmes odieux : ils