Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/345

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étoient sûrs d’allarmer le vulgaire imbécille par une imputation vague, ou par un mot auquel l’ignorance attache une idée de terreur, parce qu’il n’en connoit pas le vrai sens. En conséquence de cette politique, on a vu souvent les partisans des mêmes sectes religieuses, les adorateurs du même dieu se traiter réciproquement d’athées dans la chaleur de leurs querelles théologiques : dans ce sens être athée, c’est n’avoir pas en tout point les mêmes opinions que ceux avec qui l’on dispute sur la religion. De tout tems le vulgaire a regardé comme des athées ceux qui ne pensoient pas sur la divinité comme les guides qu’il s’étoit habitué de suivre. Socrate, l’adorateur d’un seul dieu, ne fut qu’un athée aux yeux du peuple athénien.

Bien plus, comme nous l’avons déjà fait observer, l’on a souvent accusé d’athéisme les personnes mêmes qui s’étoient donné le plus de peines pour établir l’existence d’un dieu, mais qui n’avoient point allégué des preuves satisfaisantes : comme en pareille matière les preuves sont caduques, il fut aisé à leurs ennemis de les faire passer pour des athées, qui avoient malignement trahi la cause de la divinité en la défendant trop foiblement. Je ne m’arrête point à faire sentir ici le peu de fondement d’une vérité que l’on dit si évidente, tandis qu’on tente si souvent de la prouver & que jamais on ne la prouve au gré même de ceux qui se vantent d’en être intimement convaincus ; au moins est-il certain qu’en examinant les principes de ceux qui ont essayé de prouver l’existence de Dieu on les a communément trouvés foibles ou faux, parce qu’ils ne pouvoient être ni solides ni vrais ; les théologiens eux-mê-