Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentira que la vertu est pour tout homme la route la plus sûre à la félicité. L’Athée ou le fataliste fondent tous leurs systêmes sur la nécessité ; ainsi leurs spéculations morales, fondées sur la nécessité des choses, sont au moins bien plus fixes & plus invariables que celles qui ne portent que sur un dieu changeant d’aspect suivant les dispositions & les passions de tous ceux qui l’envisagent. La nature des choses & ses loix immuables ne sont point sujettes à varier ; l’athée est toujours forcé de nommer vice & folie ce qui nuit à lui-même ; de nommer crime ce qui nuit aux autres ; de nommer vertu ce qui leur est avantageux ou ce qui contribue à leur bonheur durable.

On voit donc que les principes de l’athée sont bien plus inébranlables que ceux de l’enthousiaste qui fonde sa morale sur un être imaginaire dont l’idée varie si souvent même au dedans de son propre cerveau. Si l’athée nie l’existence d’un dieu, il ne peut nier son existence propre, ni celle des êtres semblables à lui dont il se voit entouré ; il ne peut douter des rapports qui subsistent entre eux & lui ; il ne peut point douter de la nécessité des devoirs qui découlent de ces rapports ; il ne peut donc point douter des principes de la morale qui n’est que la science des rapports subsistans entre les êtres vivans en société.

Si content d’une spéculation stérile de ses devoirs, l’athée ne l’applique point à sa conduite ; si entraîné par ses passions ou par des habitudes criminelles, livré à des vices honteux, jouet d’un tempérament vicieux, il paroit oublier ses principes moraux ; il ne s’ensuivra pas qu’il n’a point de principes ou que ses principes sont faux ; on