Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/375

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flige, qu’il force de gémir ; en un mot il trouve que contre un enthousiaste inconséquent que ce dieu, qu’il croit bon, rend heureux, il porte la discorde, le carnage & l’affliction dans de vastes contrées, & plonge des peuples entiers dans la douleur & dans les larmes.

Quoiqu’il en soit, ne nous enquérons point des motifs qui peuvent déterminer un homme à embrasser un systême : examinons ce systême, assurons-nous s’il est vrai, & si nous le trouvons fondé sur la vérité, nous ne pourrons jamais l’estimer dangereux. C’est toujours le mensonge qui nuit aux hommes ; si l’erreur est visiblement la source unique de leurs maux, la raison en est le vrai remède. Ne nous informons pas davantage de la conduite de l’homme qui nous présente un systême ; ses idées, comme on l’a dit déjà, peuvent être très-saines, quand même ses actions seroient très-dignes de blâme. Si le systême de l’athéisme ne peut rendre pervers celui qui ne l’est pas par son tempérament, il ne peut rendre bon celui qui ne connoit point, d’ailleurs les motifs qui devroient le porter au bien. Au moins avons-nous prouvé que le superstitieux quand il a des passions fortes & un cœur dépravé, trouve dans sa religion même mille prétextes de plus que l’athée, pour nuire à l’espèce humaine. Celui-ci n’a pas au moins le manteau du zèle pour couvrir sa vengeance, ses emportemens, ses fureurs ; l’athée n’a pas la faculté d’expier à prix d’argent ou à l’aide de quelques cérémonies, les outrages qu’il fait à la société, il n’a pas l’avantage de pouvoir se réconcilier avec son dieu, & par quelques pratiques aisées de calmer les remords de sa conscience inquiete ; si le crime n’a point amorti