au crime qu’elle transforme en vertu. Quant à la conduite, s’il est débauché, voluptueux, intempérant, adultère, l’athée ne diffère en rien du superstitieux le plus crédule, qui souvent à sa crédulité sçait allier des vices & des crimes que ses prêtres lui pardonneront toujours, pourvu qu’il rende hommage à leur pouvoir. S’il est dans l’Indostan, ses bramines le laveront dans le Gange en récitant des prières. S’il est juif, en faisant des offrandes ses péchés seront effacés. S’il est au Japon, il en sera quitte pour des pélérinages. S’il est mahométan, il sera réputé saint, pour avoir visité le tombeau de son prophête. S’il est chrétien, il priera, il jeûnera, il se prosternera aux pieds de ses prêtres pour leur confesser ses fautes ; ceux-ci l’absolveront au nom du très-haut, lui vendront les indulgences du ciel, mais jamais ils ne le blâmeront des crimes qu’il aura commis pour eux.
On nous dit tous les jours que la conduite indécente ou criminelle des prêtres & de leurs sectateurs ne prouve rien contre la bonté du systême religieux ; pourquoi ne diroit-on pas la même chose de la conduite d’un athée, qui, comme on l’a déjà prouvé, peut avoir une morale très-bonne & très-vraie, même en suivant une conduite déréglée ? S’il falloit juger les opinions des hommes d’après leur conduite, quelle est la religion qui soutiendroit cette épreuve ? Examinons donc les opinions de l’athée sans approuver sa conduite ; adoptons sa façon de penser, si nous la jugeons vraie, utile, raisonnable ; rejettons sa façon d’agir, si nous la trouvons blâmable. à la vue d’un ouvrage rempli de vérités, nous ne nous embarrassons pas des mœurs de l’ouvrier. Qu’importe à l’univers que Newton ait été sobre ou