Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/76

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stant ? Nous approuvons néanmoins la clémence dans un souverain, quand sa trop grande facilité ne devient pas nuisible à la société ; nous l’estimons, parcequ’elle annonce en lui de l’humanité, de la douceur, une ame compatissante & noble, qualités que dans nos maîtres nous préférons à la rigueur, à la dureté, à l’inflexibilité. D’ailleurs les loix humaines sont défectueuses ; elles sont souvent trop sévères ; elles ne peuvent prévoir toutes les circonstances & tous les cas ; les châtimens qu’elles décernent ne sont pas toujours justes & proportionnés aux délits. Il n’en est point ainsi des loix d’un dieu que nous supposons parfaitement juste & sage ; ses loix doivent être si parfaites que jamais elles ne puissent souffrir d’exceptions ; la divinité ne peut, par conséquent, jamais y déroger sans blesser son immuable équité.

La vie future fut inventée pour mettre à couvert la justice de la divinité, & pour la disculper des maux que souvent elle fait éprouver en ce monde à ses plus grands favoris : c’est là, nous dit-on, que le monarque céleste doit procurer à ses élus un bien-être inaltérable, qu’il leur avoit refusé sur la terre ; c’est là qu’il dédommagera ceux qu’il aime des injustices passagères, des épreuves affligeantes qu’il leur avoit fait supporter ici bas. Cependant cette invention est-elle faite pour nous donner des idées bien claires & bien propres à justifier la providence ? Si Dieu ne doit rien à ses créatures, sur quel fondement, pourroient-elles attendre dans l’avenir un bonheur plus réel & plus constant que celui dont elles jouissent à présent ? Ce sera, dit-on, fondées sur ses promesses, contenues dans ses oracles révélés. Mais est-il bien sûr que ces oracles sont émanés de lui ?