Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/77

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D’un autre côté le systême de l’autre vie ne justifie pas ce dieu d’une injustice au moins passagère ; or une injustice, même passagère, ne détruit-elle point l’immutabilité que l’on attribue à la divinité ? Enfin un être tout puissant, que l’on fait l’auteur de toutes choses, n’est-il pas lui-même la cause première ou le complice des offenses qu’on lui fait ? N’est-il pas le véritable auteur du mal ou du péché qu’il permet, tandis qu’il pourroit l’empêcher ; & dans ce cas peut-il avec justice punir ceux qui s’en rendent coupables ?

L’on entrevoit déjà la foule des contradictions & des hypothèses extravagantes auxquelles les attributs que la théologie prête à son dieu doivent nécessairement donner lieu. Un être revêtu à la fois de tant de qualités discordantes sera toujours indéfinissable, ne présentera que des notions qui se détruisent les unes les autres, & il sera parconséquent un être de raison. Ce dieu, a dit-on, créé le ciel, la terre & les êtres qui les habitent en vue de sa propre gloire. Mais un monarque supérieur à tous les êtres, qui n’a point de rivaux ni d’égaux dans la nature, qui ne peut être comparé à aucunes de ses créatures, peut-il être animé du desir de la gloire ? Peut-il craindre d’être avili aux yeux de ses semblables ? A-t-il besoin de l’estime, des hommages, de l’admiration des hommes ? L’amour de la gloire n’est en nous que le desir de donner à nos semblables une haute idée de nous-mêmes ; cette passion est louable, lorsqu’elle nous détermine à faire des choses utiles & grandes ; mais plus souvent encore elle n’est qu’une foiblesse attachée à notre nature, elle n’est qu’un desir de nous distinguer des êtres avec qui nous nous comparons. Le dieu dont on nous