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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/83

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L’on voit que d’après ces notions les hommes n’ont pas plus de rapports avec Dieu que les pierres. Mais si Dieu ne doit rien aux hommes, s’il n’est tenu de leur montrer ni justice ni bonté, les hommes de leur côté ne peuvent lui rien devoir. Nous ne connoissons point entre les êtres de rapports qui ne soient réciproques ; les devoirs des hommes entre-eux sont fondés sur leurs besoins mutuels ; si Dieu n’a pas besoin d’eux, il ne peut leur rien devoir & les hommes ne peuvent l’offenser. Cependant l’autorité de Dieu ne peut être fondée que sur le bien qu’il fait aux hommes, & les devoirs de ceux-ci envers Dieu ne peuvent avoir d’autres motifs que l’espoir du bonheur qu’ils attendent de lui ; s’il ne leur doit point ce bonheur, tous leurs rapports sont anéantis & leurs devoirs n’existent plus. Ainsi de quelque façon que l’on envisage le systême théologique, il se détruit lui-même. La théologie ne sentira-t-elle jamais que plus elle s’efforce d’exalter son dieu, d’exagérer sa grandeur, plus elle le rend incompréhensible pour nous ? Que plus elle l’éloigne de l’homme, ou plus elle déprime celui-ci, & plus elle affoiblit les rapports qu’elle avoit supposés entre ce dieu & lui ? Si le souverain de la nature est un être infini & totalement différent de notre espèce, & si l’homme n’est à ses yeux qu’un ciron ou un peu de boue, il est clair qu’il ne peut y avoir de rapports moraux entre des êtres si peu analogues, & il est encor plus évident que le vase qu’il a formé ne peut point raisonner sur son compte.

C’est pourtant sur les rapports subsistans entre l’homme & son dieu que tout culte se fonde. Néanmoins toutes les eéligions du monde ont