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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/85

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destiner au bonheur ou au malheur, qui est en droit de les faire servir de jouets à ses caprices & de les affliger sans raison, qui pourroit aller jusqu’à détruire & anéantir l’univers, n’est-il pas un tyran ou un démon ? Est-il rien de plus affreux que les conséquences immédiates que l’on peut tirer de ces idées révoltantes que nous donnent de leur dieu ceux qui nous disent de l’aimer, de le servir, de l’imiter, d’obéir à ses ordres ! Ne vaudroit-il pas mieux mille fois dépendre de la matière aveugle, d’une nature privée d’intelligence, du hazard ou du néant, d’un dieu de pierre ou de bois, que d’un dieu que l’on suppose tendre des pièges aux hommes, les inviter à pécher, permettre qu’ils commettent des crimes qu’il pourroit empêcher, afin d’avoir le barbare plaisir de les en punir sans mesure, sans utilité pour lui-même, sans correction pour eux-mêmes, sans que leur exemple puisse servir à corriger les autres ? Une sombre terreur doit nécessairément résulter de l’idée d’un tel être ; son pouvoir nous arrachera bien des hommages serviles ; nous l’appellerons bon pour le flatter ou pour désarmer sa malice ; mais, sans renverser l’essence des choses, un pareil dieu ne pourra se faire aimer de nous, lorsque nous réfléchirons qu’il ne nous doit rien, qu’il a le droit d’être injuste, qu’il peut punir ses créatures pour avoir abusé de la liberté qu’il leur accorde, ou pour n’avoir point eu les graces qu’il a voulu leur refuser.

Ainsi en supposant que Dieu n’est astreint envers nous par aucunes règles, on sappe visiblement les fondemens de tout culte. Une théologie qui assûre que Dieu a pu créer des hommes pour les rendre éternellement malheureux, ne