Aller au contenu

Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Octroye moy ores que je puniſſe
Mon ennemy, de ſon grand malefice.
Las ſay qu’il meure, ainſi qu’a mérité.
À celle fin que la Poſterité,
Saichant ſa mort, & la faulte punie,
Craigne touſjours de faire villenie
Dans le Logis, ou par honeſteté
Eſt l’eſtranger receu, & bien traicté.
    Apres ces motz, il feit ſon Dard branſler,
Et tout ſoubdain ſi rudement voler
Contre Paris,que l’Eſcu luy perca.
Puys la Cuyraſſe entierement faulſa,
Et tous les draps juſques à la Chemiſe.
Et euſt eſte, encor la poincte miſe
Dans l’eſtomach, ſi Paris n’euſt tourné
Ung peu à gauche, & le coup deſtoumé.
    Menelaus apres ce coup, deſguayne
Sa belle eſpée, à l’argentine guayne
Et ſe haulſant, ſur l’Armet aſſenna
Son ennemy, ſi fort qu’il l’eſtonna.
Mais au tiers coup ſon eſpée rompit :
Dont il cuyda forſener de deſpit.
Ô Iuppiter meſchant Dieu, je voy bien
(Ce diſoit il) que tu ne vaulx plus rien :
Ou que tu es le plus malicieux
De tous les Dieux, qui repairent es cieulx :
Las, je penſois que l’heure fuſt venue,
Que l’ennemy n’auroit plus de tenue.
Et maintenant je n’ay rien avancé
Du javelot, & mon Glayve eſt froiſſé