Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/117

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Ou eſt la Foy devant les Dieux jurée,
De ceſte Gent meſchante & parjurée.
Helas pourra la divine Iuſtice
Diſſimuler ceſte ſaincte malice ?
Ie croy que non. Car combien que les Dieux
Facent ſemblant de ſe rendre oublieux
Par quelque temps, du forfaict des humains,
Finablement ilz y mectent les mains
Si aſprement, que la grande longueur,
Eſt convertie en cruelle rigueur.
Ainſi ſera de ces Trayſtres infames.
Car quelque jour eulx, leurs Filz, et leurs Femmes,
Seront punyz : & verront ſur leur teſte,
Tumber du ciel tres horrible tempeſte.
Ie ſcay tres bien que Troie perira
Avant long temps, & que l’on occira
Le Roy Priarn : Car la fureur divine,
Qui tous les faictz des mortelz examine,
Eſt tellement contre luy provoquée,
Qu’elle ne peult eſtre plus revoquée.
Mais quel meſchef, helas quelle triſteſſe
Ce me ſera, ſ’il fault que je te laiſſe :
Et que ton corps de la mort aſſailly,
Soit en pays eſtrange enſevely.
Las, que dira la Grece à mon retour,
Tous ceulx d’Argos, & du pays d’entour,
Sachans ta mort : Et ceulx qui ſont icy,
Auront il pas fantaſie & ſoucy
De ſ’en aller ? Laiſſans gloire proſpere,
Aux faulx Troiens, & à nous vitupere :
Laiſſans Heleine, & dont je ſuis marry
Plus griefvement, laiſſans ton corps pourry