Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/118

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En ce pays. Dont apres adviendra,
Que bien ſouvent quelque Troien viendra
À ton Sepulchre, & couché deſſus l’herbe,
S’eſcriera tout enflé de ſuperbe.
Or plaiſe aux Dieux, que les aultres empriſes
D’Agamemnon, ſoient à telle fin miſes,
Que ceſte cy, ou les Grecs ſejournerent
Par ſi long temps, & puis ſ’en retournerent
Honteuſement. Ainſi le pourra dire,
Le fier Troien : mais pluſtoſt je deſire,
(Dieux immortelz) que par mort je periſſe,
Et que la terre en ſ’ouvrant m’engloutiſſe.
    Menelaus (combien que la bleſſure
Le tourmentait) de contenance ſeure,
Print la parole, & ſoubdain reſpondit
Virilement à ſon Frere, & luy dict.
Rejouys toy mon Frere, & prens courage :
Car tu pourrais par ce triſte language,
Dedans l’eſprit des Grecs telle peur mectre,
Qu’on ne pourroit bonnement les remectre.
Puis je ſens bien, que le coup n’eſt pas tel,
Qu’il m’ait bleſſé juſqu’au peril mortel.
La Boucle dor de ma Ceincture belle,
Et la Cuyraſſe eſprouvée & fidele,
Deſquelz je ſuys armé tout au devant,
Ont empeſché de percer plus avant.
Or vouluſt Dieu (dict ; Agamemnon lors)
Frere & amy, que tu fuſſes dehors
De ce danger, & que le coup ſouffert,
Fuſt gueriſſable. Ung Médecin expert
Que je cognois, ſi bien te penſeroit,
Que tes douleurs noires appaiſeroit.