Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/146

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Vers les Troiens, en ſe jectant ſur eulx.
Et bien qu’il fuſt Rude & adventureux,
Et prompt en guerre, avant qu’eſtre bleſſé,
Il ſe trouva pour l’heure renforcé
De plus d’ung tiers : deſirant ſe venger,
Comme ung Lion, que le ſimple Berger
Aura bleſſé d’une Sagette ou Darde
Dedans le parc, pour faire bonne garde
De ſon troupeau : dont la beſte irritée
Du coup receu ſera plus deſpitée :
Et le Berger craintif ſ’eſtonnera,
Parc & brebis lors habandonnera
Du tout au vueil de ce Lion ſauvage,
Qui luy ſera ung merveilleux dommage :
Et ſortira du Parc comme vainqueur :
De meſme ſorte, & d’auſſi royal cueur,
Le ſort Gregeois aux Troiens ſe meſla
Tremblantz de peur eſgarez ça & la.
    Aſtynous, & Hypenor grandz Ducz,
Surent adonc par luy mortz eſtenduz :
L’ung de ſa lance à travers la Mammelle,
L’aultre du coup de ſa large Allumelle,
Qu’il luy donna, ou l’Eſpaule eſt conjoincte
Avec le col, ſans poinct faillir la joincte :
Si rudement que ſon Eſpaule oſtée
D’avec le Corps fut en terre portée.
    Apres cela il meit à mort Abante,
Et Polydus enfans d’Eurydamante
Le Devineur, qui ſcavoit ſans menſonges
Interpréter propheties, & ſonges.
Mais du vieillard ne fut pas devinée,
De ſes enfans la dure Deſtinée.