S’il eſt ainſi que tu ſois quelque Dieu,
Des maintenant je te quitte le lieu.
Ie ne veulx pas encourir le danger
De Licurgus : lequel fut trop Léger
Encontre iceulx. Dont il eut, pour la peine,
Vie dolente, & puis la mort villaine.
Iadis advint, ſur le Mont de Nyſa,
Que Licurgus les Femmes adviſa,
Qui ſont ſervice à Bacchus en ſes feſtes,
Portante les Ceps de vigne ſur leurs Teſtes :
Si les ſuyvit, & leur feit tant de craincte,
Que ſans mercy, chaſcune fut contraincte
Laiſſer tumber la Corone ſacrée,
Dont le bon Dieu ſ’eſjouyſt, & recrée.
Car le Meurtrier durement les piquoit
D’ung Eſguillon, puis apres ſ’en moquoit.
Et qui pis eſt, il fut ſi Temeraire,
Qu’il propoſa le Dieu meſmes deſfaire :
Et luy donna tres rudement la Chaſſe,
Faiſant grand bruit, & uſant de Menace
Mais Bacchus lors à grand courſe eſchappa :
Et ſe garda que point ne l’attrapa.
Se venant joindre à Thetis mariniere,
Qui le receut d’amiable maniere
Dedans la Mer, encor tremblant de peur
De cheoir es mains de ce cruel Gripeur.
De ce Forfaict, les grans Dieux ſe faſcherent
Trop durement, & le venger taſcherent :
Privans des yeulx Licurgus quelque temps.
Finablement de cela non contens,
Comme j’ay diſt, pour du tout le punir,
Feirent ſa vie en miſere finir.
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