Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/197

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Auquel les Dieux par Singularité
Feirent la Grace & Libéralité,
(Oultre la Forme & Beaulte indicible)
De le pourveoir d’une force invincible.
    En ce temps la, en Grece dominoit
Ung Roy nommé Proëtus, qui tenoit
Beau coup de biens : Soubz le povoir duquel,
(Par le vouloir du grand Dieu immortel)
Bellerophon fut nourry en jeune cage,
Faiſant honeur touſjours à ſon Lignage.
Mais ce dict Roy, par apres conſpira
Encontre luy, & ſa mort procura :
Non de ſon gré. Ce fut à la requeſte
De ſon Eſpouſe Andya deſhoneſte.
Laquelle eſtant de Luxure enflammée
Faire ne ſceut qu’elle peuſt eſtre aymée
Du jouvenceau : Bien qu’elle le priaſt
Inceſſamment pleuraſt & ſ’eſcriaſt.
Parquoy voyant ne povoir proffiter
En ſon Ardeur, vint à ſe deſpiter :
Tant que l’Amour vehemente ſortie,
Fut promptement en Hayne convertie.
Si vint ung jour, à ſon Mary plourant,
Avec maintien d’ung corps quaſi mourant,
Et dict ainſi ; Il fault que te diſpoſes
D’executer l’une de ces deux choſes :
Mourir toy meſme, ou bien faire mourir
Bellerophon, qui a voulu courir
Sur ton Honeur : deſirant ſe meſler
Avecques moy, Voire & me violer,
Quand il a veu que par doulce parole
N’accompliſſois ſon Entreprinſe folle.