Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/198

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Ainſi parla la meſchante Trahyſtreſſe,
Sur quoy le Roy plein d’ire, & de Triſteſſe
Fut tout eſmeu : & propoſa ſur l’heure
De ſe venger ſans plus longue demeure.
Mais pour autant qu’il eſtoit Domeſtique,
Il adviſa que ce ſerait inique,
Le faire occire ainſi en ſa Maiſon ;
Et ay ma mieulx vſer de Trahyſon.
Lors compoſa Lettres pernicieuſes,
Pleines de Dol, faulſes, malicieuſes :
Qu’il adreſſa à Rheon ſon beau Pere
Roy de Lycie, en luy mandant l’affaire :
Et le priant, qu’il feit par mort finir
Le Meſſager, ſans le laiſſer venir.
Quand Proëtus euſt eſcript, il envoie
Le jouvenceau, lequel ſe meit en voye,
Guidé des Dieux, ſe faict tant qu’il arrive
En la Lycie, au lieu ou ſe derive
Xanthus le fleuve arrouſant la Province.
À l’arriver il fut receu du Prince
Humainement, & durant Neuf journées
Furent Banquetz, & Feſtes ordonnées :
Pour l’honorer, & mis ſur les Autelz
Neuf Beufz d’eſlite, aux grandz Dieux Immortelz.
Sur le Dixieſme, alors que l’aube claire
Monſtra le jour, le dict Roy delibere
Scavoir pourquoy Bellerophon eſtoit
Vers luy venu, & ſi Lettres portoit
De ſon beau Filz : lequel luy preſenta
Le faulx Paquet : Si leut tout, & nota
La trahyſon & Crime pretendu.
Aprés ſaignant n’avoir rien entendu,