Aller au contenu

Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deſcription de la peſtilẽce des Grecs.

De ce dur traict furent ſoubdain mourans

Les gras muletz, & les bons chiens courans.
Mais en apres la ſagette mortele
Qu’il deſlacha, feit peſtilence tele
Entre les Grecs, qu’on veit corps infiniz,
De griefue peſte affoibliz & terniz.
Ô quel’ horreur de veoir pres des vaiſſeaulx,
Bruſler les corps des Grecs à grans monceaulx :
Car de neuf iour, Apollo ne ceſſa
De bender l’arc, dont grand nombre en bleſſa.
    Adonc Iuno la puiſſante deeſſe,
Qui de tout temps favoriſoit la Grece
En ceſte guerre, ayant compaſsion
De ſi piteuſe, & grande affliction,
Meit en l’eſprit d’Achillés d’appeller
Tout le conſeil, pour de ce faict parler :

Achillés aſſemble le conſeil des Grecs.

À fin qu’entre eux fuſt quelque voye ouverte,

Pour euiter tant dommageable perte.
    Ce qui fut faict : & lors eſtans les Grecs,
Aſsiz ſelon leurs eſtatz & degrez :
Par Achillés, fut dit à haulte voix,

Oraiſon d’Achillés au cõſeil.

Eſtant debout, Ô treſilluſtres Roys,

Ie veoy tresbien que ſans plus ſeiourner,
Il nous fauldra en Grece retourner,
N’ayans iamais, tant ſoit peu d’eſperance,
De ruiner la Troiene puiſſance.
Encor ie crains qu’il ne nous ſoit permis,
De nous ſauluer ſans mort, des ennemis.
Vous auez veu par ceſte dure guerre
Vne grand part de noz gens mis par terre,
Et maintenant ceſte mortele peſte,
Le reſidu cruelement moleſte.