Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/23

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À quoy Seigneurs, eſt beſoing de pourveoir
En ſ’efforcant d’enquerir, & ſcavoir,
D’ung Devineur, d’ung Preſtre, ou d’ung Augure,
Certainement, ou bien par conjecture,
D’où vient cecy. Quelcun qui ſcait les ſonges
Interpreter, ſans uſer de menſonges,
Nous pourra bien le tout manifeſter :
Car ſonges ſont venans de Iuppiter.
    Il nous dira. ſi tant dure vengeance
Du dieu Phœbus, vient pour la negligence
Du ſacrifice ou bien ſ’il nous demande
Chievres, brebis, ou autre digne offrande
En ſon ſainct temple : affin qu’en ce faiſant,
Il ſoit apres ceſte peſte appaiſant.
    Ces motz finiz, Achillés droit ſ’en va
Choyſir ſon ſiege, & Calchas ſe leva :
Calchas à qui Phœbus, des ſon enfance,
Avoit donné ſcavoir à ſuffiſance :
Tant qu’il avoit, en parfaict ſouvenir,
Le temps paſſé, preſent, & advenir.
C’eſtoit celuy qui par le ſens exquis
De prophetie, avoit eſté requis
De tous les Grecs, pour guyde en leur voyage.
Si dict alors en ſon prudent langage.
    Amy des dieux Achillés, tu conſeilles
Que je rempliſſe à preſent les oreilles
Des eſcoutans, faiſant entendre à tous,
D’où peult ſortir d’Apollo le courroux.
Je le diray : mais il fault que tu jures,
De me garder, d’outrageuſes injures
Encontre tous. Car je ne fais nul doubte,
Qu’ung des plus grans, qui ce propos eſcoute,