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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/233

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    Hector ce jour tu auras cognoiſſance,
Qu’elle eſt de Grec la Force & la Puiſſance.
Tu cognoiſtras que nous ſommes grand nombre
De Chevaliers, pour te donner encombre.
(Sans y comprendre Achillés, qui ſe tient
En ſes Vaiſſeaulx & des Armes ſ’abſtient :
Pour ung Débat & malheureux meſchef,
Qu’il a conceu encontre noſtre Chef)
Entre leſquelz tu me voys avancer,
Commence donc, ſi tu veulx commencer.
    Adonc Hector, qui le Grec entendit
Ainſi parler, ſoubdain luy reſpondit.
Divin Ajax croys tu par ton Langage
(Qui eſt par trop arrogant & volage)
Comme une Femme, ou ung jeune Apprentis,
M’eſpouventer ? Certes je t’advertis,
Que de long temps je ſcay tous les Meſtiers
Duycltz à la Guerre, & les fais voluntiers.
Ie ſcay tres bien Aſſaillir, Reſiſter,
Mon grand Eſcu à toutes mains porter,
Eſtre à Cheval, fapper de prés, de loing,
Combatre à Pied, quand il en eſt beſoing.
Et quelque fois (par ſubtil cautele)
À l’Ennemy donner playe mortele.
Ce qu’a preſent je ne veulx à toy faire,
Te coghoiſſant Homme de grand affaire.
Ains te ferir apertement, ſans faindre
Mon Bras en rien, ſi je te puis attaindre.
    Diſant ces motz, Hector vers luy ſ’avance,
En brandiſſant ſa rude & longue Lance.
    Si le frappa de Force ſi extreme,
Qu’il tranſperça juſqucs au Cuyr ſeptieſme