Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/235

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En fut froyſſe, & le Troien attainct
Sur les Genoux, parquoy il fut contrainct :
Se laiſſer cheoir à Terre, envelopé
De ſon Eſcu, dont ne fuſt eſchappé.
Mais Apollo qui ſoubdain arriva
Pour le ſaulver, bien toſt le releva.
    La ſe vouloient attacher aux Eſpées,
Dont on euſt veu leurs Armes decoupées,
Sans les heraulx, qui lors ſe vindrent mectre
Entre les deux, chaſcun tenant ung Sceptre.
    Alors Idée Hérault Saige & Scavant,
Leur dict ainſi. Ne paſſez plus avant
Mes tres chers Filz, laiſſez l’aſpre Debat ;
Et donnez fin à ce mortel Combat.
De Iuppiter eſtes tous deux aymez,
Et des humains Valeureux eſtimez.
Voicy la Nuict elle vous admoneſte
D’obtemperer à la miene Requeſte.
    Adonc Ajax reſpond. Tu dict tres bien
Ô Ideus mais je n’en ſeray rien,
Si ce Troien qui provoque nous a
Ne le me dict. Car puis qu’il propoſa
De m’aſſaillir, il ſe doibt avancer
À me prier, de ce Combat laiſſer.
Et ſ’il le faict, je ne contrediray,
Ains de bon cueur toſt luy obeiray.
    Hector adonc luy dict. Puis que les Dieux
T’ont honoré en ces terreſtres lieux,
Non ſeulement de grande Corpulence,
Mais de Vertu, de Force, & de Prudence,
Et que tu es comme bien je confeſſe)
Le plus expert Chevalier de la Grece.