Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/236

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Ie ſuis d’advis, qu’a preſent nous laiſſons
Noſtre Entreprinſe & que recommençons
(Quelque aultrefois, pour veoir à qui la Gloire
Demourera de ſi belle Victoire.
Veu meſmement que la fin du jour vient
Et qu’à la Nuict obeyr nous convient
Faiſant ainſi, tu rendras tres contens
Tes Compaignons, & les Grecs aſſiſtens
Quant eſt à moy, je rempliray de joye
Tous ceulx qui ſont dans la Cité de Troie.
Et meſmement les Dames, qui pour moy
Prians les Dieux, ſont en Peine & Eſmoy ;
Au demourant, Ô Ajax il me ſemble,
Qu’il nous convient entre donner enſemble
Quelque Preſent : afin que chaſcun die,
(Voyans ainſi la Hayne refroidie)
Ces deux eſtoient nagueres Ennemyz,
Et maintenant ſ’en vont tres grandz Amyz.
    Diſant ces motz, le Preux Hector luy donne
Sa belle Eſpée, Argentine & tres bonne :
Et quant & quant la Ceincture & Fourreau,
Qui fut auſſy bien reluyſant & beau.
D’aultre coſté, Ajax luy preſenta
Son grand Bauldrier, dont il ſe contenta
Adonc ſ’en vont, Ajax drolement tire
Vers ſes Amyz : & Heſtor ſe retire
À ſes Troiens, qui le voyans venir
Sain & entier, ne pouvoyent contenir
Leur joye extreme, ayans eu tant de Craindre,
Qu’il euſt receu quelque mortele attaincte.
Si l’ont mené à Troie. Et d’aultre part
Le fort Ajax avec ſes Gregeois part