Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/252

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De longue main, Ou vas tu maintenant ?
Pourquoy fuys tu ? Que n’es tu ſouſtenant
Icy le Faix ? N’as tu point Honte & Craincte
De recevoir, en fuyant, quelque Attaincte
Deſſus l’eſchyne ? Attents, attents, Demeure,
Saulvons Neſtor, gardons qu’icy ne meure.
    Ainſi parla, dont Vlyſſés l’ouyt,
Qui n’arreſta : ains aux Nefz ſ’enfouyt.
Ce nonobſtant Diomedés ſ’adreſſe
Pour le ſaulver, au plus fort de la preſſe.
Et quand il fut tout devant ces Chevaulx,
Luy dict ainſi. Ô Neſtor, grandz travaulx
Te faict ſouffrir la Gregeoiſe jeuneſſe,
Durs à porter à ta foible vielleſſe :
Qui tous les jours ſe trouve deſpourveue,
De la vertu & Force qu’elle a eue.
Ton Chariot, ton Carton, ta Monture,
Tout eſt tardif, & de foible Nature.
Deſcends de la, & vien icy monter
Deſſus mon Char, pour experimenter
La grant Viteſſe, & le Courage exquis
De mes Courſiers, que l’autr’hyer je conquis
Sur Eneas : Noz Valetz meneront
Ton Chariot, & le gouverneront.
    Quant à nous deux, medons nous en devoir
Si bien que Hector & Troiens puiſſent voir
Encor ung coup, quelle eſt noſtre vaillance,
Et ſi je ſcay manier une Lance.
    Suyvant cela, le Vieillard deſcendit,
Et fut le Char du ſort Grec ſe rendit :
Tenant le lieu de Sthenelus, qui paſſe
Sur iceluy de Neſtor en ſa Place.