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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/282

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Bien à Souper. Leſquelz ſi bien mangerent
Que Fain & Soif de leurs Corps eſtrangerent.
Apres ſouper, Neſtor (dont la Prudence
Et bon Conſeil eſtoient de l’aſſiſtence
Tres bien cogneuz) ſa Parole adreſſa
Au Chef de Guerre, & ainſi commenca.
    Prince d’honeur, mon parler ne ſera
Que de toy ſeul : par toy commencera,
Et prendra fin. Puis qu’il eſt ordonné
Que par toy ſoit ce Peuple gouverné.
Puis que les Dieux t’ont donné le Pouvoir
Sur tous les Grecs, on doibt appercevoir
Plus qu’en aultruy, de Conſeil & de Force
En ton Eſprit lequel fault que ſ’eſforce
Inceſſamment d’Ouyr, de Conſulter,
Et quelquefois de bien Executer.
Et meſmement lors que l’on t’admoneſte
De quelque faict, proufitable & honeſte.
En ce faiſant, rien ne ſera trouvé
Sortant de toy, qui ne ſoit appreuvé.
Cela me meut ores de t’adviſer
D’ung bon Conſeil, qu’il fault auctroriſer
Et enfuyuir, ſans point me contredire :
Comme tu feis, alors que par grand Ire
Contre Achillés ſ’eſmeuz & courrouſſas.
Et qui pis eſt, ſi tref fort l’offenſas,
Que Briſeis, qu’on luy avoit donnée,
Fut de ſa Tente en tes Vaiſſeaux menée.
L’injure fut trop grande d’irriter
Tel Perſonage, ayme de Iuppiter,
Et de grandz Dieux. Parquoy fault que l’on penſe,
De reparer (ſi lon peut) ceſte Offence.